mardi 20 avril 2010

Classification des pistes - Feuilleton musical

Pistes fiction
  • - un cadavre sous le béton
  • - un sac de soja posé devant la porte d'un restaurant
  • - tous les jours à la même heure une personne un papier à la main cherche son chemin
  • - des touristes qui sortent de l'hôtel Ibis
  • - le même homme tous les jours avec une poussette
  • - Monsieur Antonio de Castro
  • - une boutique de canapé en liquidation exceptionnelle depuis des années
  • - un chat nommé litchee
  • - un mot "veillez à ne pas faire claquer la porte"
  • - la fumée de l'usine d'incinération
  • - les gens du haut - les gens du bas
  • - les grilles grises les uniformes bleus
  • - la longue rue sans fin et sans issue qui évoque une bonne côte de bœuf
  • - l’helico qui se pose sur Bercy
  • - le sous sol du parking et ses murs de béton double étanchéité pour ne pas être noyés par la seine
  • - ouvrir les portes, porte d’ascenseur, porte coupe-feu, porte battante, porte porte porte jusqu’à 25, jusqu’au bureau T2N46
  • - annonce lugubre annonçant la fermeture

Pistes lieux
  • - la rue du Dessous des Berges
  • - un bar appelé "le bureau"
  • - le parvis de la bibliothèque la nuit
  • - des squares cachés dans le quartier chinois
  • - la fontaine place bourgoin
  • - les lampadaires et les arcades sur le pont de Bercy
  • - le sous-sol du parking
  • - la boulangerie rue de Tolbiac
  • - la droguerie rue de Tolbiac
  • - le tulipier en fleur rue de Baudricourt
  • - sortie du métro Olympiades
  • - la bibliothèque Melville
  • - l’hôtel IBIS
  • - l’église Jeanne d’Arc
  • - le carrefour National
  • - les escaliers pour descendre rue Chevaleret
  • - le square de la rue Thomas Mann
  • - Avenue de France
Pistes sonores
  • - des couverts en fer au fond d'un sac en plastique
  • - le silence du cinema
  • - les mouettes sur la seine
  • - le bruit des oiseaux, le clapotis de l’eau chez Truffaut
  • - le concerto pour clarinette de Mozart (sur le lever de soleil de la seine – Marianne)
  • - les portes de la voiture qui claquent
  • - annonce lugubre annonçant la fermeture

Pistes chansons
  • - les grilles grises les uniformes bleus (Marianne)
  • - le lâcher d’éperviers derrière la vitre du bureau de la BNF (Rolland)
  • - les lueurs bleues sous ce pont sombre (Marianne)
  • - tourner à gauche pour entrer dans le parking qui est une grande bouche ouverte qui va me croquer toute crue jusqu’à la nuit (Marianne)
  • - ouvrir les portes, porte d’ascenseur, porte coupe-feu, porte battante, porte porte porte jusqu’à 25, jusqu’au bureau T2N46 (Marianne)
  • - Je suis en retard. Je descends les escaliers je les remonte je les redescends (Anne)
  • - Veillez à ne pas faire claquer la porte (Anne)
  • - Je prends mon sac, mon bip. (Marie-Pierre)

Feuilleton

Le feuilleton radiophonique, aussi appelé feuilleton radiodiffusé, radio-feuilleton ou radioroman, est un genre du domaine de la fiction, proche de la série, à cette différence que celui-ci est constitué d'une trame segmentée en épisodes dont chacun est la suite du précédent, tandis que la série est une succession d'histoires indépendantes ayant pour seul lien la présence d'un ou plusieurs personnages récurrents.
Définition Wikipedia

Alors en ce qui nous concerne, comment allons-nous envisager ce format du feuilleton. Ce qui est intéressant c'est le système de rendez-vous qu'il suppose, mais aussi l'architecture même du récit, les coutures visibles des différentes parties entre elles. Comme notre mode de diffusion n'est pas celui des ondes, ni du direct, ce serait pas mal d'imaginer le principe du feuilleton dans la structure du récit, dans les cut du montage, dans les creux de la fiction et d'une forme de suspens. Par exemple, avancer par strates, dans la logique de l'atelier et de nos découvertes, et faire apparaître ce principe dans l'écriture. Comme un principe d'enquête (obsession quand tu me tiens!!), comme dans Léonie, j'avançais par dérives, il y en avaient 4, et chaque fois le récit s'engouffrait un peu plus dans ma découverte du paysage, dans ma recherche du personnage, dans mon geste même d'écriture. Ici, ce serait intéressant de se concentrer d'abord sur le terme. S'agit-il de dérives, d'actes, de strates, d'épisodes? Quelle forme sur la page? Quelle forme dans le montage?

dimanche 18 avril 2010

Recherche pour Violetta

Début des recherches pour Se Souvenir de Violetta, projet de Caroline Guiela pour la Compagnie Les Hommes Approximatifs, qui m'invite à y prendre part. Comme à chaque début de projets les pistes sont multiples, on peut rentrer par des tas de chemins, les pratiquer et voir ceux qui finiront par faire sens. Plusieurs cadres à penser aussi pour ce projet avec notamment la création d'un atelier avec des personnes âgées autour de la question du récit, de la fiction, de la mise en scène de soi et de son propre récit. Ce type d'expérience m'est chère et en même temps me demande toujours de replacer la question de la rencontre au cœur du travail . Et envisager des protocoles de rencontre, ce n'est pas rien! Car c'est bien là tout l'enjeu, il me semble, de ce type de démarche, la question des choses flottantes, qui avancent par strates, par à coups, par étapes de rencontre et de communication. Comment formuler sa position, ses recherches, comment inviter l'autre à y prendre part, comment entendre l'autre à son endroit et accepter aussi de s'y rendre, comment toujours faire de ce principe de déplacement le germe de la forme qui en découlera?
C'est toujours cette vigilance avec laquelle j'aime négocier dans ces projets. C'est un principe politique fondamental, à la fois de replacer l'homme et la rencontre au centre de nos systèmes de production, et, à la fois, rester à l'endroit de son propre outil. Voilà pourquoi je parle souvent d'aveu. Faire l'aveu de là où j'en suis pour créer un espace de rencontre. C'est très souvent ce qui me manque dans certaines propositions et même parfois dans les miennes, ce manque d'aveu, le défaut de faire croire que par exemple, travailler avec des personnes âgées serait déjà une proposition en soi. Et non, je ne crois pas et j'en suis même certaine. Cela ne suffit pas. Ni à créer de la rencontre, ni à créer des formes. Je pense que c'est là tout l'intérêt et le risque à prendre, accepter que ça peut ne pas fonctionner, accepter qu'il va falloir malaxer cet espace entre deux personnes qui se rencontrent, accepter que personne n'est au service de personne. Je parle de tout ça parce qu'hier j'ai vu Dale recuerdos à la Maison des Métallos et que j'en ai conclu ça: ça ne se suffit pas en soi.
Malgré la sincère émotion reçue des personnes présentes sur scène, malgré la beauté des récits, cela ne suffit pas à saisir cet aveu dont je parlais plus haut, cela ne suffit pas à nous parler de formes, à nous parler d'une rencontre singulière, entre ces personnes et la scène. Comme si cela était évident. Mais non il n'y a aucune évidence à cela! et c'est bien ça qui est beau! et c'est pour ça qu'il faut travailler la scène comme l'espace de cette rencontre, avec ses balbutiements, ses hésitations, et toute la beauté singulière que cela implique.

Petit Bain

Premier atelier avec les participants pour le feuilleton musical radiophonique sur le 13ème arrondissement de Paris. Au précédent rendez-vous Gerald avait proposé aux participants de créer une play-liste de 5 morceaux correspondant à 5 lieux du quartier. A partir de ça, nous avons proposé de partir d'un trajet réalisé au quotidien et de travailler simplement sur une écriture en mouvement, dans le temps réel de la marche, dans son rythme, un principe de remémoration sur un système de notation quasi mécanique, d'inventaire de ce que l'on voit, croise, entend, pas après pas, jusqu'à arriver à un point précis. Le trajet d'un point A à un point B. Le passage à la ligne représentant le passage à une autre strate de la vision et de la marche. Les résultats ont été fructueux et comme on l'imaginait totalement emprunts de visions singulières, de sonorités et déjà de fiction...
Nous ne savons pas - consciemment - où tout cela va nous mener - mais nous savons que la dérive fictionnelle commence déjà à s'activer. Ce qui est significatif c'est que plus nous nous concentrons sur l'étude des formes et du vivant, de la ville, des paysages, de la température, des lignes et des plans, des trajectoires parcourues, plus nous dérivons vers de la fiction. Comme si tout système de perception révélait la singularité du regard, comme si le bien commun (à priori la ville) se démultipliait et en proposait une vision neuve, intacte, un germe.
Assister à ce basculement a quelque chose de jubilatoire, une prise de pouvoir sur soi, sur le monde.
Nous avons appris qu'un corps était peut-être enseveli sous les tonnes de bétons de la BNF, nous avons appris que des pirogues vénitiennes ont été retrouvées lors des travaux sur les quais, nous avons appris qu'un lâcher d'éperviers avait lieu deux fois par an pour chasser les étourneaux trop nombreux et apparemment néfastes...et que cela faisait un bruit incroyable !

Nous avons déjà des pistes:

- un cadavre sous le béton
- des couverts en fer au fond d'un sac en plastique
- un sac de soja posé devant la porte d'un restaurant
- tous les jours à la même heure une personne un papier à la main cherche son chemin
- des touristes qui sortent de l'hôtel Ibis
- le même homme tous les jours avec une poussette
- Monsieur Antonio de Castro
- la rue du Dessous des Berges
- une boutique de canapé en liquidation exceptionnelle depuis des années
- un bar appelé "le bureau"
- un chat nommé litchee
- un mot "veillez à ne pas faire claquer la porte"
- la fumée de l'usine d'incinération
- le silence du cinema
- les gens du haut - les gens du bas
- le parvis de la bibliothèque la nuit
- des squares cachés dans le quartier chinois

A suivre - et bientôt sur le site de Petit Bain




jeudi 15 avril 2010

Feuilleton musical Radiophonique- Paris 13ème arrondissement





Premier atelier hier avec les habitants-salariés du 13ème arrondissement. quelques pistes policières et futuristes commencent à émerger...à suivre!

mercredi 14 avril 2010

regard - ville

Symptômes de ruines. Bâtiments immenses. Plusieurs, l’un sur l’autre. Des appartements, des chambres, des temples, des galeries, des escaliers, des coecums, des belvédères, des lanternes, des fontaines, des statues. – fissures, Lézardes. Humidité promenant d’un réservoir situé près du ciel. – Comment avertir les gens, les nations ? – avertissons à l’oreille les plus intelligents.
Tout en haut une colonne craque et ses deux extrémités se déplacent. Rien n’a encore croulé. Je ne peux plus retrouver l’issue. Je descends, puis je remonte. Une tour-labyrinthe. Je n’ai jamais pu sortir. J’habite pour toujours un bâtiment qui va crouler, un bâtiment travaillé par une maladie secrète. – Je calcule, en moi-même, pour m’amuser, si une si prodigieuse masse de pierres, des martres, de statues, de murs, qui vont se choquer réciproquement seront très souillés par cette multitude de cervelles, de chairs humaines et d’ossements concassés.
Charles Baudelaire, Petits Poèmes en prose, Michel Levy, 1869