lundi 27 février 2012

Tendre courrier

Reçu dans le courrier ce matin
mon coeur est touché
merci E.S!

jeudi 16 février 2012

Tendue vers la Grèce

"[...],Nous écoutons la radio, auditeurs d'un avenir qui se décide sans nous et dont nous avons peur. La hantise a accompli son travail et nous sommes d'un bout à l'autre de l'Europe accablés, incapables de nommer le nom du spectre qui nous paralyse tant nous sommes convaincus que de sa présence en nous, le h de l'être, dépend notre h-umanité. Ainsi, les fantômes ont acquis une place de choix. Ils vivent à l'endroit même de la conscience." Le Hêtre et le Bouleau, Camille de Toledo.

"Une poignée de banques internationales, d'agences d'évaluation, de fonds d'investissement [...] qui revendiquent le pouvoir en Europe et dans le monde et se préparent à abolir les états et la démocratie en utilisant l'arme de la dette". Manolis Glezos (héros de la résistance grecque), Libération du 14/02/12


"L'Europe était un rêve qui s’est effondré rapidement. C’est l’époque des managers. Vous ne voyez donc pas comment les premiers ministres dirigent les pays comme des équipes de football ? […] La situation dans laquelle nous vivons est effroyable. On a lutté pour des choses qui ne se sont pas réalisées. Je suis interloqué par la crise économique de mon pays, je ne vois pas d’issue. J’ai vécu l’occupation allemande et la dictature des colonels, mais avec la crise je ne vois pas le bout du tunnel. Un siècle s’est achevé, rempli d’espoir et d’événements catastrophiques", Theo Angelopoulos

mot d'absence

Il y a des absences si longues qu'elles ne nécessitent même plus de prétextes, rien ne justifie (rien ne s'oppose à la nuit). Fuir pour un temps le postage public, une certaine hantise peut-être de rendre public, qui sait!
Les choses ont avancé depuis ce temps, celles du monde malgré moi, celles qui font que je n'ai pas d'autres choix que de m'y tenir debout, de parler au travers, de m'y déplacer, de baigner dedans, de délaver aussi au contact des couleurs qui dégorgent. Une profonde tristesse liquide, une vision molle du monde durci,  raidi, sévère comme un vieux colonel en manque d'autorité, accroc aux punitions et à donner la récompense. L'exercice du pouvoir n'a plus qu'à se raccrocher à ses menottes de cuir, tellement il est fébrile, l'exercice du pouvoir prend son dernier pied à  nous ligoter. On nous propose l'Europe des pères de familles, autoritaires, la main leste et le verbe haut - retour de l'éducation populaire au martinet...

Mais le travail est là, en cours, à tenir, à boucler. La résidence au Collège Jean Moulin avec les collégiens magnifiques qui me parlent de la peur, leurs peurs, celle des autres, 
et puis boucler la boucle avec Le Manuel du Voyageur Impénitent à Khiasma, fabriquer à partir des expériences menées cette année une archive sensible, consultable, penser les documents pour les rendre publiques. La naissance aussi d'un nouveau projet avec Lorena Dozio et Fernando Cabral "Même si on fait fausse route [Une collection de récits piétons]" qui prendra corps certainement dans les prochains mois...

Enfin, Point Limite Zéro, hanté, obsédé par l'actualité grecque, nouveau chantier d'écriture en cours, de ceux qui hantent, ceux dont on rêve la nuit, qui nous réveillent par des mots qui s'affichent clignotants comme des obsessions du langage et de sa forme. Alors on se réveille, on écrit ce qu'on a lu, on déchiffre les mots qui se sont affichés, on les prends pour des clés. En dehors des rêves il y à l'écriture, la table de travail, les mots des autres (Le Hêtre et le Bouleau de Camille de Toledo, Spectres de Marx de Derrida, Les Héritiers de Pierre Bourdieu, La Route de Cormac Mc Carthy), et la Grèce au loin qui semble de plus en plus esseulée dans une Europe dont je ne sais plus bien si elle gonfle pour mieux s'émanciper ou si elle rétrécit pour mieux s'enfermer, rebâtir des murs, faire réapparaître les frontières, et donner la place aux vieux fantômes, comme une famille qui déshériterait son petit dernier, parce qu'il n'aurait pas su relever le défi d'un héritage trouble. Le petit dernier, annonciateur d'une chute annoncée...